La Ménopause fait-elle grossir ? Comment aborder cette période avec sérénité ? Volet 2
La ménopause fait-elle inéluctablement grossir ? Un consensus est établi par les chercheurs pour définir la ménopause comme une étape naturelle de la vie. Leur conclusion sur la prise de poids est que cette dernière serait due à la baisse du métabolisme de base, inhérent au vieillissement humain. Ces mécanismes s’expliquent par la perte de la masse musculaire liée à l’âge, ainsi que celle du tissu gras de type brun (différent du tissu adipeux blanc). Dans le cas de la ménopause, la prise de poids serait due également à l’arrêt progressif de la fonction ovarienne (voir article : la ménopause, ses turbulences et la prise de poids… La ménopause fait-elle réellement grossir ? Volet 1). S’y ajoutent une observance relâchée d’un mode de vie sain et une sédentarité très/trop présente.
Les études insistent beaucoup sur la prévalence des maladies cardiovasculaires durant cette période de ménopause. La prise de poids est souvent corrélée en effet, à l’installation d’une graisse abdominale qui accroît le risque de diabète. Et un diabète de type II provoqué par une prise de poids peut déclencher une ménopause précoce (Etude NAMS).
Manger pour stimuler le Métabolisme de base
La perte de poids ne peut reposer à long terme sur une privation, ou des restrictions. Au contraire, il s’agit de manger, précisément de mieux manger et en parallèle d’être active. Mises en place, ces actions amènent rapidement des résultats.
Manger pour stimuler ou relancer le métabolisme de base implique d’adopter des conduites alimentaires judicieuses, et d’accepter de modifier certaines habitudes alimentaires. Ce passage de l’envie de perdre du poids à la mise en pratique prend parfois plus de temps que l’on ne croit. Sortir le corps, d’un point de vue physiologique, d’une longue léthargie causée par des années de lâcher prise nutritionnel ou d’un emballement récent du tissu adipeux demande parfois de la patience, un regard bienveillant sur soi, et une puissante motivation. Or, il est élémentaire pour la femme, à partir de 40 ans environ, de comprendre pourquoi elle prend du poids et comment son corps réagit face à des pratiques alimentaires qui ne lui conviennent plus.
Ce regard sur soi est une prise de conscience et une analyse pertinente – comme un passage aux rayons X – du comportement ou de ses propres conduites alimentaires qui sont installées depuis des années. Voici une synthèse des retours de mes patientes à propos de leur prise de poids :
“ Trois points sur les facteurs de vie qui font prendre du poids et notamment au niveau de la taille et du ventre :
- Les excès de nourriture (repas à environ 1000 kcal et plus) et d’alcool (2 à 4 verres et plus par jour) ponctuels ou très réguliers en semaine et/ou durant le week-end, cumulés aux erreurs nutritionnelles qui se traduisent le plus souvent par une absence de petit-déjeuner, un déséquilibre alimentaire à la pause-déjeuner marquée par une insuffisance protéino-glucidique et une compensation énergétique massive au dîner.
- Des comportements alimentaires passifs ou du lâcher-prise involontaire liés en majorité à l’environnement professionnel et/ou familial.
- Une sédentarité quotidienne élevée, pas forcément bien identifiée, ou l’absence de sport qui joue cependant un rôle crucial dans la prise de poids ou dans les difficultés à en perdre.
10 conseils pour gérer son poids avant ou débuter une perte de poids à la ménopause
J’insiste sur la nécessité de mieux s’alimenter au cours de cette période, et de penser aux horaires biologiques des repas. C’est-à-dire de suivre au maximum une régularité qui permet d’avoir la sensation agréable d’avoir faim avant de se mettre à table, selon un cycle faim-rassasiement-satiété (4h à 6h maxi de distance entre les repas). D’éviter également toute forme de grignotage, de ne pas remanger juste avant de se coucher ou bien durant la nuit pour relancer une phase de sommeil.
Misez également sur une adéquation des apports énergétiques à votre dépense physique quotidienne ou hebdomadaire. Une assiette de pâtes à chaque dîner alors que vous marchez moins de 3000 pas par jour, reflet d’une sédentarité, n’est pas propice à enrayer la prise de poids.
Pour démarrer votre perte de poids, lancez-vous sur les dix points suivants, en les intégrant tous rapidement à votre quotidien, ou bien à votre rythme. Ce qui entraînera cependant le changement attendu :
- Adoptez ou maintenez une alimentation équilibrée et variée. Prévoyez à chaque repas des aliments protéiques (poisson, omelette, viandes maigres, produits laitiers ou de soja, seïtan, tempeh… ), des légumes et des quantités de féculents selon votre activité physique du jour ou du lendemain. Vous éviterez ainsi les comportements de grignotage en journée ou durant la nuit. Dînez léger, parfois sans féculents, pour une bonne nuit de sommeil.
- Hydratez-vous régulièrement tout au long de la journée et dès le réveil, pour compenser les pertes d’eau causées par les bouffées de chaleur et/ou sueurs nocturnes. Ce qui va limiter vos migraines et favoriser de surcroit le fonctionnement de votre transit. Attention à ne pas se gaver de soupe le soir si vous êtes sensible à une rétention hydrosodée. Rien qu’en limitant vos « gros » bols de soupe à une tasse ou un 3/4 de Mug, vous perdrez le poids de la flotte qui stagne dans votre réseau lymphatique.
- Augmentez ou maintenez la consommation d’aliments source de calcium via les produits laitiers ou les boissons et spécialités végétales enrichies en calcium. Buvez régulièrement des eaux minérales calciques (Vittel, Courmayeur, Volvic) et complétez par des amandes, choux, sardines avec arêtes… Evitez au maximum l’excès de sel à table pour préserver votre calcium corporel et limiter la rétention hydrosodée (confère conseil n° 2).
- Misez sur les phyto-oestrogènes qui à la manière des hormones féminines (mimétisme oestrogènes, effet hormon-like) vont contribuer à réduire les bouffées de chaleur ainsi que les maladies cardiovasculaires : soja, pois chiches, edamame, lentilles, thé vert, graines de lin moulues, sésame, amandes, ail, gingembre, carottes, haricots verts, céréales complètes (blé, orge, sarrasin, quinoa) et aliments et condiments fermentés peu transformés tels que miso, tofu, navets, betteraves et choux…
- Limitez les aliments sucrés lorsqu’ils sont consommés de façon excessive. Evitez tout sucre rajouté dans les boissons chaudes, ainsi que le piège d’un grand verre de jus d’orange ou de fruits ou de smoothie du matin. Mieux vaut manger 1 fruit que d’absorber du sucre liquide en pressant trois fruits ou de boire un smoothie industriel dont la composition regorge de fruits.
- Evitez ou limitez toute nourriture raffinée : pain, farine, pâtes, riz… Ces aliments facilitent la prise de poids et peuvent de fait, contribuer à déclencher une ménopause précoce lorsqu’ils sont consommés en excès (Revue Ménopause Juillet 2022). Mangez davantage de fibres pour un meilleur profil athérogène au niveau du flux sanguin (Je cite : « pour une prévention cardiovasculaire et une vascularisation améliorée des ovaires conduisant à un ralentissement de l’épuisement du pool folliculaire »). Privilégiez les céréales complètes, les légumineuses. Avec des quantités de légumes allant d’une demi à une assiette complète par repas et deux à trois fruits par jour. Pour être davantage rassasiée et augmenter le temps de satiété entre les repas, pour atténuer une constipation et enrichir votre microbiote.
- Prenez une légère collation l’après-midi, un fruit et moins d’une dizaine d’oléagineux (Mix noisettes, amandes, noix), pour répondre aux petites faims du moment sans tomber dans une consommation frénétique : on ne mange pas tout le sachet d’amandes !. Pensez à maintenir votre hydratation l’après-midi (eau, tisanes, thé vert …).
- Consommez des aliments ayant un profil lipidique intéressant (avec des omégas 3 dont EPA et DHA) pour contribuer à la santé psychique et à la prévention cardiovasculaire : huile de colza ou de noix, oléagineux dont noix, petits poissons gras et crustacés, œufs de la filière bleu blanc coeur…
- Maintenez ou renforcez ou encore (re)démarrer une activité physique et/ou sportive adaptée à vos possibilités du moment. Gardez la motivation de bouger au quotidien : l’activité physique et/ou sportive est inexorablement liée à votre perte de poids et à celle du tour du ventre. C’est un outil efficace pour modifier une silhouette de type obésité tronculaire, améliorer la santé cardio-vasculaire et entretenir la densité osseuse. C’est aussi la solution la plus naturelle pour réduire les bouffées de chaleur et/ou les sueurs nocturnes qui sont démultipliées par une sédentarité quotidienne (Etude NAMS). Découvrez de nouvelles activités sportives ou d’expressions corporelles (ex : barre au sol, danse zumba, hip hop, de salon, Lindy hop, arts martiaux…) pour stimuler l’envie de rester active régulièrement. Marchez au maximum tous les jours avec une montre connectée si besoin pour challenger votre nombre de pas quotidiens. Chez certaines patientes, c’est une totale réussite ! Prenez le vélo pour aller au travail ou faire des courses, dansez régulièrement sur un air entraînant … Toutes les raisons de bouger sont bienvenues et accompagnées de résultats.
- Enfin, n’hésitez pas à consulter un diététicien-nutritionniste, (prendre rendez-vous), médecin endocrinologue, gynécologue, psychologue… pour vous accompagner dans votre gestion ou perte de poids, votre état de santé physique et psychique, votre bien-être en général.
Ménopause : la base du garde-manger idéal
- Huiles colza, noix, olive de première pression à froid et issue de l’Agriculture Biologique
- Vinaigre de cidre, vinaigre de riz
- Fruits frais variés, de saison et locaux
- Légumes frais variés, de saison et locaux
- Pain bien cuit pour une bonne digestion et tolérance au gluten : complet aux céréales, au vrai levain, à l’épeautre, de seigle… Flocons d’avoine, Mueslis sans sucres ajoutés, riz, orge et pâtes complètes, quinoa, sarrasin, patate douce, pommes de terre à chair ferme
- Légumineuses : lentilles, haricots secs, pois cassés, pois chiches, fèves
- Petits poissons gras : lisette, maquereaux, sardines, anchois, harengs, pavé de truite saumonée… Crustacés, coquillages et poissons maigres (colin, dorade, bars…)
- Poulet fermier, dinde, œufs
- Tofu, Tempeh, Seïtan, protéines de soja texturées (en bio)…
- Amandes, noisettes, noix, pistaches natures et avec la pelure, mix cranberries-gogi, pruneaux secs (les études ont montré que consommer 6 pruneaux par jour contribuait à réduire les médiateurs pro-inflammatoires impliqués dans l’ostéoporose).
- Yaourts au lait 1/2 écrémé : vache, brebis ou chèvre, Skyr, yaourts de soja natures.
- Laits végétaux ou boissons végétales sans sucres : noix de coco, amande, avoine.
- Herbes aromatiques, condiments fermentés, ail, oignons, épices dont cannelle, Piment d’espelette, curry, paprika…
- Sel aux aromates (moins saler, moins de sodium ! )
- Etc.
En conclusion
La ménopause peut devenir un moment privilégié de remise en question de son alimentation pour obtenir une silhouette conforme à ses attentes. Après ma conférence sur le sujet, lors d’un récent symposium gynécologique et à la vue des questions et remarques soulevées, je souhaitais au travers de cet article vous donner des clés nutritionnelles. N’hésitez pas à consulter un spécialiste diplômé (médecin et/ou diététicienne) durant cette période si vous en ressentez le besoin. Un professionnel de santé peut vous aider à accepter les métamorphoses d’un corps qui évolue naturellement, sans subir un poids qui s’envole parfois et que momentanément vous ne maîtrisez plus. L’objectif sera, au final et dans un accompagnement multidisciplinaire, de bien vivre votre ménopause.
Corinne Fernandez, Diététicienne-nutritionniste
Source et Bibliographie
- Are Midlife Women Doomed to Gain Weight ? Présentation au North American Menopause Society Annual Meeting. October 12-15, Atlanta, Georgia.
- Omegas-3 fatty acids for the primary and secondary prévention of cardiovascular disease. Database of Systematic Reviews 2018 Issue 7. Abdelhamid AS, Brown TJ and Al.
- Association of plant-based diet and early onset of natural menopause. Menopause 2022 Jul; 29(7): 861–867. Giorgia Grisotto and Al.
- Lien internet sur la physiologie ovarienne : https://www.emconsulte.com/article/813829/physiologie-ovarienne par A. Bachelot : Maître de conférences des Universités. Service d’endocrinologie et médecine de la reproduction, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France
- Women with diabetes at an early age likely to enter menopause early. News Release 12-Oct-2022. The North American Menopause Society (NAMS)
- A sedentary lifestyle can lead to more nighttime hot flashes. New study suggests that too many hours sitting on the couch could increase problematic hot flashes in midlife women. News Release 22-Sept- 2021. The North American Menopause Society (NAMS).
- A prune—or six—a day may keep inflammation at bay. “A randomized controlled trial of dietary supplementation with prunes (dried plums) on inflammatory markers in postmenopausal. New Release 2 Apr-2022. Janhavi Damani, MS. Experimental Biology women,”Study suggests daily prune consumption may reduce osteoporosis risk after menopause.
- Conférence Corinne Fernandez : « La ménopause fait-elle grossir ? Aborder la Ménopause en toute sérénité » 8ème Assises Nationales de Gynécologie Symposium Scientifique. Lille 14/05/2022.