La Ménopause, ses turbulences et la prise de poids… La ménopause fait-elle réellement grossir ? Volet 1
Rappelons en tout premier que la ménopause n’est pas une maladie, mais un processus naturel de la vie chez la femme, et qu’il existe son équivalent chez l’homme avec l’andropause. Cette transition physiologique du passage à l’après procréation peut devenir cependant un vrai sujet de préoccupations et de questionnements chez certaines femmes, que ces dernières soient en péri ou pleine ménopause.
La ménopause : un tsunami hormonal
Elle se définit par un arrêt de l’état de reproduction après 12 mois définitif d’aménorrhée. La ménopause survient en moyenne à l’âge de 50-51 ans avec des manifestations inégales d’une femme à une autre. Certaines traversent cette étape en toute sérénité, d’autres la subissent avec plus ou moins d’intensité et une série d’effets secondaires : diminution de la densité osseuse et douleurs articulaires, perturbation du poids et désordres alimentaires avec compulsions vers le sucré ou le gras ou les deux, constipation régulière, maux de tête, perte de cheveux, troubles de la mémoire et du sommeil, fatigue chronique, bouffées de chaleur et/ou sueurs nocturnes, déprime voire dépression exacerbée, sécheresse de la peau, atteintes de l’appareil génito-urinaires…
Les modifications du poids : explications
Durant mes consultations diététiques, les patientes abordent avec émotion le changement de leur silhouette. Elles manifestent un authentique désarroi face à leur poids. Une prise de conscience soudaine qui leur fait s’exclamer : « J’ai pris du poids à la ménopause » ou bien « Je sens que mon corps change, j’ai pris là et là et je ne maîtrise plus rien ».
Ce que j’explique alors en cabinet, c’est que la prise de poids débute bien avant la ménopause. A partir de 40 ans en effet, la femme fait face à un arrêt progressif de sa fonction ovarienne. Ce processus naturel s’accompagne d’une diminution d’environ 100 kcal par jour du métabolisme de base (MB) féminin. Et l’on constate, selon les études, une prise de poids qui varie de trois à quatre kilogrammes voire davantage, sur une demi-décennie avec une augmentation de presque 6 cm ou plus du tour de taille (1,2). Il y a un intérêt à agir en prévention, bien avant la ménopause, pour éviter que les kilos ne s’installent.
Autre fait majeur : la masse musculaire diminue avec la prise de l’âge. En effet, le pic musculaire est atteint à 30 ans. Au-delà de cet âge, toute personne fait face à une fonte musculaire qui devient peu à peu, plus ou moins marquée selon les niveaux de sédentarité, de pratiques d’activités physiques et/ou sportives. Cette diminution de la masse musculaire influence négativement le MB et provoque à l’inverse une augmentation de la masse grasse corporelle. Concrètement, on constate une diminution de la masse musculaire et une moins bonne oxydation des lipides (3,4). La modification du poids corporel commence donc réellement à partir de 30 ans. Chez la femme, ces changements s’accentuent à la péri-ménopause, période de transition au cours de laquelle la diminution des œstrogènes entraîne une nouvelle répartition des graisses. Ces dernières sont dorénavant localisées au niveau de la région abdominale et, selon le morphotype et/ou la génétique, moins présentes sur les hanches. Ce qui fait dire à tort : « J’ai pris du ventre à la ménopause ». En réalité, l’histoire commence beaucoup plus tôt.
La métamorphose de la silhouette
L’analyse de la composition corporelle chez 543 femmes âgée de 42 à 52 ans (Etude Michigan SWAN : Women’s Health Across the Nation) fait apparaitre une prise de poids de + 3,4 % sur 6 ans, une perte de 0,24 % sur la taille en hauteur (tassement vertébral), un IMC qui augmente de 4 %, un pourcentage de graisse corporelle qui s’accroît à hauteur de + 10%, et une perte de la masse musculaire d’1%. Ces changements s’installent progressivement au fil des années, donnant l’apparence chez certaines personnes d’une silhouette à type de pomme posée sur des jambes parfois très fines. Cette obésité dite tronculaire n’est pas irrémédiable, et il est recommandé d’agir en prévention afin de remédier aux pathologies cardiovasculaires qui pourraient l’accompagner (5).
La réaction aux modifications corporelles s’accompagne quelquefois de découragement et de complexes face à ce corps qui n’est plus reconnu et qui pousse à adopter des comportements alimentaires extrêmes. En se lançant dans des régimes déséquilibrés car trop restrictifs, la femme s’expose alors à une insuffisance protéino-lipido-glucidique qui entraîne par voie de conséquence, des carences sensiblement marquées en micronutriments parmi lesquels les vitamines B, C, E, D, calcium, magnésium et autres oligo-éléments… Des statuts vitaminiques et en minéraux amoindris qui vont renforcer les fragilités osseuses, métaboliques et psychiques. Une gestion du poids au final calamiteuse, et ce à une étape de la vie où il reste essentiel de protéger sa santé et de bien se nourrir pour vivre sereinement sa ménopause. Mieux vaut mettre en pratique des recommandations simples et de bon sens pour obtenir une perte de poids (confère mon article : comment réussir à perdre du poids efficacement sans faire de régime) que d’adopter un mauvais régime alimentaire pour soi…
Je vous invite à retrouver dans le volet II, prochain article, mes conseils nutritionnels en prévention santé et poids pour vivre sereinement cette période de transition naturelle qu’est la ménopause chez la femme.
Corinne Fernandez, Diététicienne-nutritionniste
Sources et Bibliographie
- A randomized controlled trial of ovarian suppression in premenopausal women : no change in free-living energy expenditure. Kathleen M. Gavin and al.
- Etude réalisée durant six ans, sur 543 femmes âgées de 42 à 52 ans, avec sept mesures annuelles du tour de taille, de la masse grasse et la masse musculaire. JClin Endocrino Metab. 2007 mars; MaryFran Semeurs and al.
- Etude sur 32 femmes âgées de 18 à 73 ans : masse musculaire et oxydation des lipides. JAP 87; 266-71, 1995. Calles-Escandon and al.
- Le muscle : site d’oxydation des lipides. Int J Obes 32:949, 2008. Lovejoy and al.
- The effect of menopause on metabolic syndrome : from The Canadian Longitudinal Study of Aging, revue Menopause 2020